Aucune revendication, aucune demande ne semble avoir suivi cet enlèvement et le gouvernement français est d’une extrême discrétion concernant les acteurs et le contexte de cet acte criminel.
Une manifestation de journalistes palestiniens et étrangers a eu lieu hier à Gaza pour exiger la libération de leur confrère.
L’Union de la Presse francophone en Palestine condamne cet acte et s’inquiète de sa portée politique notamment en terme de l’image pervertie des Palestiniens dont il est porteur.
Qu’il s’agisse de groupes palestiniens ayant choisi ce moyen d’action illégal pour exprimer des revendications dirigées vers l’Autorité Nationale Palestinienne, comme cela s’est déjà produit, ou de provocateurs qui utilisent ce modèle pour ternir l’image des Palestiniens, l’enlèvement de Mohamed Ouathi est totalement injustifiable.
L’utilisation de civils comme leviers dans un conflit est hélas pratique courante. Les Palestiniens en connaissent le prix, eux dont les familles, les foyers, les terres et autres moyens de subsistance sont systématiquement les cibles de l’armée d’occupation israélienne, dans le but affiché de faire plier la résistance à la colonisation et l’occupation.
L’importance de l’information en Palestine occupée comme dans d’autres zones de guerre, coloniale ou non, peut être vitale et la présence des journalistes est garante d’un minimum de retenue de la part des troupes israéliennes. En témoignent les nombreuses interdictions que des journalistes entrent à Gaza ou en Cisjordanie lors d’opérations militaires israéliennes de grande envergure comme en 2002, à Jénine, Ramallah ou Naplouse ou en 2004 dans la Bande de Gaza. En témoignent les journalistes, facilement identifiables en tant que presse mais blessés ou abattus par les soldats israéliens dont les responsables veulent imposer le huis-clos lors de leurs opérations.
Ainsi de Raffaele Ciriello, 42 ans, photographe, envoyé spécial du quotidien italien Corriere della Sera, tué le 13 mars 2002 à Ramallah par les troupes israéliennes, de Nazeh Darouazi, cameraman palestinien de 42 ans travaillant pour l’agence de presse APTN (Associated Press Television Network) et pour la Télévision publique palestinienne, tué par un tir israélien dans la vieille ville de Naplouse le 19 avril 2003. Ainsi encore de James Miller assassiné à Gaza en mai 2003 ou d’Ali Samoudi blessé à Jénine en avril 2004 ou encore des violences commises par l’armée israélienne contre des journalistes palestiniens entre les 10 et 15 juin 2004, dans la région de Naplouse, dénoncées alors par Reporters sans Frontières.
La liberté de la presse nous concerne tous. Qu’elle soit interdite par des armées d’occupation ou mise ponctuellement en danger par des résistants, qu’elle soit la cible de provocateurs ou de malfrats, elle nous est indispensable, elle est l’un des garants de la démocratie.
Il nous appartient d’en exiger le respect, tout comme nous exigeons le respect et l’application des autres droits fondamentaux, du droit humanitaire et du droit international, tout comme nous exigeons la fin de l’occupation israélienne en Palestine.
L’Afps condamne fermement l’enlèvement du journaliste de France 3 dans la Bande de Gaza et demande sa libération immédiate.